Drones : l’industrie que la France ne doit pas rater

Juin 3, 2025

À l’aube de 2025, les drones s’imposent comme des outils incontournables dans de nombreux secteurs stratégiques : agriculture, BTP, sécurité civile, défense, logistique ou encore audiovisuel. Autrefois cantonnés à des usages militaires, ces aéronefs sans pilote sont devenus les symboles d’une révolution technologique silencieuse, mais profonde.

Dans ce contexte, la France dispose d’atouts majeurs, mais reste confrontée à un défi de taille : structurer une filière industrielle capable de rivaliser avec les géants mondiaux, tout en garantissant sa souveraineté technologique. Car plus que jamais, la maîtrise des briques technologiques des drones conditionne notre indépendance en matière de défense, d’innovation, et de compétitivité économique.

Un virage technologique décisif

Les drones incarnent un saut technologique comparable à celui qu’ont représenté l’automobile ou l’informatique en leur temps. Ils combinent des disciplines de pointe : mécatronique, intelligence artificielle, vision embarquée, communication sans fil, systèmes de navigation inertielle, batteries haute densité, et traitement embarqué.

Ce concentré de technologies trouve des applications concrètes partout :

  • Dans l’agriculture de précision, les drones permettent de cartographier les parcelles, détecter les maladies ou le stress hydrique, et cibler les traitements phytosanitaires. Résultat : une agriculture plus efficace, plus propre, plus durable.
  • Dans le BTP, les drones réduisent les risques humains en inspectant les structures en hauteur, modélisent en 3D les chantiers, facilitent le suivi de l’avancement, et permettent des gains de productivité tangibles.
  • En sécurité, ils offrent des capacités de surveillance rapide, d’intervention en milieu hostile, ou d’inspection après sinistre. Leur usage par les pompiers, la gendarmerie ou les équipes de secours se généralise.
  • Dans la logistique, des expérimentations sont en cours pour livrer des colis par drone, notamment en zone rurale ou insulaire, réduisant ainsi les coûts et les délais.

À ce titre, les drones ne peuvent plus être considérés comme un simple gadget. Ils deviennent une infrastructure technologique clé, à l’instar du cloud, de la fibre optique ou des satellites.

Les drones : une révolution industrielle en marche

Le marché mondial des drones civils et professionnels est en croissance exponentielle. Selon Drone Industry Insights, il pourrait atteindre 54 milliards de dollars d’ici 2030. En France, la filière pèse déjà plusieurs centaines de millions d’euros, avec plus de 10 000 télépilotes professionnels et plusieurs centaines de PME innovantes.

Cette croissance s’appuie sur des dynamiques multiples :

  • La baisse du coût des composants (capteurs, caméras, moteurs, batteries) rend les drones plus accessibles.
  • La miniaturisation permet de concevoir des drones plus légers, plus agiles, et adaptés à des missions en milieu confiné (inspection d’usines, d’égouts, d’ouvrages d’art).
  • L’essor du FPV (First Person View), très prisé dans le sport ou l’inspection en temps réel, stimule l’innovation dans la captation vidéo et la transmission.
  • Les exigences de sécurité, dans l’industrie ou les infrastructures critiques, favorisent le recours à l’inspection robotisée.

Les retombées économiques sont significatives : création d’emplois, montée en compétences, innovation duale (civile/militaire), rayonnement technologique.

Pour autant, cette dynamique est portée, en grande partie, par des acteurs étrangers, notamment chinois et américains. En Europe, et en France en particulier, le tissu industriel est encore fragile face à des concurrents ultra-capitalisés comme DJI.

La position de la France : un potentiel encore sous-exploité

La France ne manque pourtant ni de talents, ni de compétences. Elle dispose d’un écosystème complet :

  • Des entreprises pionnières comme Delair, Parrot, Novadem ou Azur Drones, capables de concevoir des drones de haute performance pour la surveillance ou l’inspection.
  • Des laboratoires de recherche de haut niveau (ONERA, CNRS, INRIA) qui travaillent sur l’IA embarquée, la navigation autonome ou la gestion du trafic aérien de demain (UTM).
  • Des formations spécialisées en télépilotage, ingénierie robotique ou systèmes embarqués, dans des écoles comme l’ENAC, ISAE-Supaero, ou les IUT.

De plus, l’État français a identifié la filière drone comme stratégique. Le plan France 2030 consacre plusieurs dizaines de millions d’euros au développement de la robotique aérienne, notamment pour des usages militaires et industriels. Le ministère des Armées a d’ailleurs lancé plusieurs programmes de soutien, via la DGA, pour renforcer l’autonomie nationale.

Mais malgré cela, la filière reste fragmentée, avec une forte dépendance aux composants asiatiques (ESC, caméras, batteries, contrôleurs de vol…). En 2021, le chiffre d’affaires global de la filière française était estimé à 54 millions d’euros. À titre de comparaison, DJI, à lui seul, pesait 4 milliards d’euros.

Le risque est donc clair : laisser s’échapper une industrie d’avenir, au profit de puissances étrangères, tout en perdant la maîtrise technologique de systèmes critiques.

Drone Français en action !

Face à ce constat, l’initiative Drone Français s’impose comme une réponse ambitieuse, structurante et souveraine. Son objectif : créer un écosystème de fabrication 100 % français, en maîtrisant l’ensemble des briques technologiques, de la conception à l’assemblage.

Cela passe par plusieurs leviers :

  • Le développement de composants électroniques souverains : ESC, cartes de contrôle, firmware, modules de communication, etc. Ces éléments, essentiels au pilotage et à la stabilité des drones, sont aujourd’hui majoritairement importés. L’objectif est de produire localement, avec des partenaires français spécialisés.
  • La conception de plateformes modulaires adaptées aux besoins des professionnels : drones industriels, militaires, agricoles ou de sécurité, avec des coques robustes, des systèmes FPV, des caméras thermiques ou des modules LiDAR intégrés.
  • Une production nationale, agile et compétitive, capable de répondre aux appels d’offres publics et privés, sans dépendance logistique aux marchés asiatiques.
  • La création d’un réseau de sous-traitants français, pour relocaliser la valeur ajoutée sur l’ensemble de la chaîne industrielle (usinage, assemblage, électronique, software, maintenance).

En misant sur l’excellence technologique et l’agilité industrielle, Drone Français veut démontrer qu’il est possible de produire des drones performants, compétitifs et souverains, sur le territoire national.

Mais plus encore, l’initiative entend soutenir une vision à long terme : celle d’une autonomie stratégique, qui s’appuie sur des technologies maîtrisées, résilientes, et en capacité d’évoluer en permanence.

Le drone n’est pas qu’un objet volant. C’est un vecteur d’innovation industrielle, un outil de transformation pour nos entreprises, et un enjeu de souveraineté pour notre pays.

La France possède les ressources, les compétences et les ambitions pour réussir dans cette filière. Mais le temps presse. Sans une mobilisation concertée des industriels, des chercheurs et des pouvoirs publics, nous risquons de rester de simples utilisateurs, dépendants des technologies étrangères.

Avec l’initiative Drone Français, c’est une autre voie qui s’ouvre : celle d’un modèle Made in France, performant, compétitif, et porteur de valeur pour notre économie. C’est cette voie qu’il faut prendre, sans tarder. Car dans l’industrie du drone, rater le décollage, c’est rester cloué au sol.

0
    0
    Your basket
    Empty basketBack to store